La bataille pour le code nutritionnel

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étiquetage nutritionnelLe code nutritionnel fait l’objet d’une bataille serrée entre les acteurs de l’agro-alimentaire et les milieux de la santé et de la prévention.

 

Le principe du code nutritionnel fait actuellement l’objet d’une expérience sur le terrain dans cinq supermarchés. La loi de Santé 2016 a en effet retenu le principe d’une signalétique nutritionnelle qui viendrait guider le consommateur à choisir des aliments de qualité ayant une incidence positive sur la santé.

 

Les industries agro-alimentaires qui craignaient de se voir imposées une solution désavantageuse pour leurs intérêts ont mis en avant leurs propositions afin principalement de repousser le code nutritionnel 5-Couleurs (5C/Nutri-Score) de l’Inserm.

Lire aussi : L’avenir incertain du code nutritionnel

 

Une étude en supermarchés

 

Trois autres codes ont été avancés par les industriels : le SENS porté par la Fédération des Enseignes de la Distribution, le Nutri-couleurs qui est la version française d’un code « feux tricolores multiples » en vigueur au Royaume-Uni, le Nutri-repère. Une étude pour comparer ces différentes solutions a été initiée sous l’autorité du Fonds Français Alimentation Santé (FFAS), étude qui avait déjà soulevé des polémiques, et des « claquages de portes » dont celui du directeur de l’Inserm.

 

Mauvaises conditions

 

Les codes sont actuellement testés depuis le 26 septembre sur dix semaines, dans une quarantaine de magasins. Un mois après son démarrage, l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle U1153 (Inserm-Inra-Cnam-Université Paris 13) a mené une enquête sur le déroulé de l’étude. Les chercheurs dénoncent les mauvaises conditions de mise en oeuvre de l’étude, et le risque de ne pas pouvoir tirer d’enseignement de l’expérience.

 

Boycott de grandes marques

 

L’étude, ambitieuse, s’était donné comme objectif d’être le plus exhaustif possible sur le nombre de références, notamment ceux des rayons pain-viennoiserie, conserves, rayon traiteur frais. En réalité, l’intendance ne suit pas. Moins de 50% des produits sont réellement étiquetés. Moins de 40% des marques participent à l’étude. Des marques emblématiques ne participent pas (boycott ?) tels William Saurin, Garbit et D’aucy, Lustucru, Panzani, Rana…

 

Tous les systèmes d’étiquetage nutritionnels ne sont pas traités de façon égale. Comme par hasard, le Nutri-Score de l’Inserm (la solution la plus intransigeante avec une alimentation nocive) a été un peu plus oublié que ces concurrents. L’ expérience risque d’aboutir à des résultats, dans le meilleur des cas, inutilisables, dans le pire des cas, faussés.

 

JC Nathan

 

source : Equipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle U1153 (Inserm-Inra-Cnam-Université Paris 13)